Ce que je lis dans le regard de ma mère...

J'aurais tant aimé la voir finir ses jours, heureuse, rassurée, j'aurais aimé qu'elle parte tranquillement, sereinement, fière de ses enfants . Ma maman a 83 ans, corse d'origine, elle a du caractère mais c'est une vraie louve qui n'a toujours vécu que pour ses enfants.Moi, la petite dernière, j'ai toujours été sa fierté, je me suis toujours plutôt bien débrouillée, dans mes études, dans mes différents boulots et elle était fière de sa fille. Aujourd'hui, quand elle me regarde, c'est certes avec toujours autant d'amour mais je vois cette pointe d'inquiétude, de déception presque de la compassion.

Cette partie de son regard me fait mal, pas pour moi, mais  pour elle car je n'aimerais pas avoir son âge et voir ma fille enlisée dans des problèmes tels que ceux que je vis. J'aurais tellement aimé la choyer, la gater avoir le bonheur communicatif pour l'aider à surmonter ces vilaines douleurs au dos qui la meurtrissent, j'aurais tellement aimé pouvoir la chouchouter, éclater de rire, qu'elle soit rassurée sur le bonheur de sa fille.L'autre fois elle m'a demandé où était passé mon joli sourire et m'a demandé si je pensais pouvoir le retrouver un jour...Bien sur lui ai-je répondu, je vais le retrouver c'est juste une mauvaise passe...

Une mauvaise passe qui dure et ,elle, en témoin obligée de cette descente aux enfers dont elle ne soupçonne pas le tiers, me regarde. Avec ses grands yeux marrons, son dos vouté, sa démarche aidée par sa béquille qui martelle le carrelage elle  ne comprend pas  tout mais je sais qu'elle est triste et je me sens coupable de cette tristesse.

Je lui ai offert tout de même son grand bonheur : la Fée qui l'adore, la Fée qui rit, qui danse, qui chante...Vous comprenez maintenant pourquoi la Fée est une vraie Fée...Si seulement elle avait une baguette magique....

Comments

[hellbronner]

Bonsoir Marie,

Comme je comprends et comme je ressens tout ce que vous décrivez.

Vous vous culpabilisez à deux niveaux :

- le premier, parce que vous aimeriez tellement gâter votre Maman,

- le deuxième, parce que vous vous en voulez de ne pas lui offrir l'image de vous que vous souhaiteriez tant lui donner.



Du coup, votre message se terminerait presque comme une excuse... Je vous cite : "je lui ai TOUT DE MEME offert son plus grand bonheur..." La Fée............



Marie, cette période sombre que vous vivez ne résume certainement pas toute l'existence que vous avez menée... et que vous allez continuer.



J'admire très sincèrement votre force et d'ailleurs j'aimerais bien savoir comment se porte votre projet. Ca, ça m'intéresse (dans le bon sens du terme), vraiment !



Vous savez combien je partage bien des similitudes dans nos deux parcours...



Je sais aussi combien il est compliqué de communiquer "là-dessus" même avec des personnes très proches. Il y a toujours une sorte de pression que nous subissons.



Même si nos proches ne nous la font pas vraiment sentir, nous sommes bien assez "grandes" pour nous la coller nous mêmes... sous leur regard... que parfois l'on voudrais fuir.



Je sais, Marie... je sais... Mais nous n'y pouvons rien, strictement rien et moi-même, je me bats contre les pensées et le regard que mon compagnon n'a certainement pas encore mais qu'il pourrait avoir sur moi un jour...



C'est justement à nous de leur ouvrir les yeux car nous sommes convaincues, je pense, qu'ils ne vivent pas les choses de façon aussi cuisante que nous pour s'en rendre vraiment compte.



Je vous embrasse, Marie.